Caractéristiques d'un "grand" logiciel (2)
Ecoutons Apple :
Un programme facile à utiliser, c'est une expérience intuitive pour l'utilisateur. Il propose des solutions élégantes à des problèmes complexes, et utilise des paradigmes familiers dans une interface bien conçue. Il est facile à installer et à configurer parce qu'il fait des choix intelligents pour l'utilisateur, mais il permet aussi de modifier ces choix. Il propose à l'utilisateur des outils adaptés au contexte, en cachant ou en invalidant les autres. Et il avertit l'utilisateur d'actions potentiellement dangereuses, et fournit un moyen de les défaire.
Voilà quelques directives propres à permettre cette facilité d'utilisation :
• Dans l'interface utilisateur, utiliser des métaphores pour représenter des idées familières. Par exemple Mac OS X utilise la métaphore du dossier pour ranger des documents.
• S'attacher aux solutions, pas aux caractéristiques ; s'assurer que chaque caractéristique fournit un bénéfice effectif aux utilisateurs.
• Encapsuler dans un paquetage tout ce qui est nécessaire à l'application, et indiquer clairement les besoins système requis.
• Définir une configuration par défaut intelligente et permettre aux utilisateurs de la modifier par des panneaux de préférences ou d'options. Au besoin, fournir un assistant d'installation.
• Ne pas surcharger l'utilisateur d'informations ; permettre aux utilisateurs de s'en affranchir ; révéler les informations progressivement, à mesure des besoins.
• Empaqueter l'application dans un dossier (bundle) ; cela simplifie l'installation, et le placement dans le système de fichiers.
• Respecter les standards matériels (USB Firewire, souris et clavier, disques). De nouveaux matériels s'y adapteront automatiquement.
• Permettre le fonctionnement d'une installation pour plusieurs utilisateurs simultanément.
• Proposer des messages d'erreur utiles en précisant ce qui s'est passé, pourquoi, et comment y remédier. Permettre un contournement si c'est possible et tout faire pour empêcher l'utilisateur de perdre ses données.
• Utiliser des noms symboliques (display names) à la place des chemins et des noms de fichiers. Ils tiennent compte des préférences de langue et d'extensions. Eviter toute perte de données.
• Permettre aux utilisateurs d'explorer l'application sans risque de perdre des données : fournir les fonctions faire et défaire, et pour les fichiers, le retour à l'état antérieur.
• Localiser l'application autant que possible.
• Rendre l'application accessible aux handicapés. Le système fournit la base, mais il est possible de l'améliorer.
• Fournir une documentation appropriée en utilisant le système d'aide Apple basé sur des fichiers html.
Mes commentaires :
Les applications qu'on peut utiliser en les découvrant, pratiquement sans consulter de documentation, constituent un avantage indéniable de Mac OS X. Un bon exemple est iPhoto, dont la découverte est très largement intuitive : les rubriques de la photothèque (Evénements, Photos, Visages, Lieux) s'expliquent d'elles-mêmes, et les icônes des outils, accompagnés de leur nom, sont plutôt explicites. <iPhoto<Préférences<Apparence dispose d'une glissière qui permet de définir la couleur du fond (du noir au blanc), mais uniquement pour l'affichage des photos.
Mais iPhoto déroge largement aux règles de l'interface graphique d'Apple, et son exploration réserve bien des surprises :
• La barre d'outils se situe en bas de la fenêtre au lieu de se trouver sous la barre de titre comme à l'accoutumée.
• Les icônes sont de grande taille, beaucoup plus qu'il n'est nécessaire pour pouvoir les saisir facilement à l'aide du curseur de la souris ; plutôt de la taille de l'extrémité d'un doigt, comme si Apple songeait à une interface tactile.
• Cette taille excessive, et la légende imposée et parfois longue des boutons obligent à des contorsions (voir ci-dessous) quand la fenêtre est étroite.
• En mode plein écran, la barre d'outils à la base de la fenêtre (figure ci-dessous) est si fugitive qu'il est pratiquement impossible de l'utiliser, si on ne se rend pas compte qu'on peut l'afficher en ramenant le curseur à la base de l'écran, et en le maintenant ensuite dans l'espace de la barre d'outils (pas évident du tout pour le débutant) !
• On découvre alors un bouton "Comparer" qui juxtapose deux images sur l'écran, et permet de les éditer. Une fonction très appréciable, mais finalement bien cachée. La glissière de zoom qui agit sur l'image sélectionnée affiche (figure à droite) une fenêtre de navigation qui permet de se positionner dans l'image.
• Le bouton Diaporama mérite lui aussi une découverte détaillée : il révèle un navigateur de thèmes, un navigateur de musique, et un panneau de réglages.
• Le navigateur de thèmes est animé, et montre les dispositions successives des images quand le curseur se trouve sur un des choix possibles ; tout cela est très puissant, et intuitif, mais nécessite une exploration étendue pour en maîtriser l'ensemble des possibilités.
La facilité d'utilisation de iPhoto est donc indéniable... pour qui sait l'utiliser. Mais avant d'en arriver là, il faut au débutant passer par une phase de découverte qui peut être longue et aléatoire.
Il en est généralement de même pour la plupart des logiciels d'Apple. Leur facilité d'utilisation repose sur une longue phase d'apprentissage et de découverte, tant ces logiciels sont versatiles et riches. Et les choix possibles ne sont pas toujours aussi clairs et intuitifs que ceux de iPhoto.