Cheeta (Mac OS X 10.0)
Les pages qui suivent représentent le rapport fait par John Siracusa, sur la première version officielle de Mac OS X (10.0). Chemin faisant vous verrez que la vie de l'utilisateur de Mac était loin d'être facile en ces temps là : ils étaient confrontés à un nouveau système, très différent de Mac OS classique auquel ils étaient habitués, et qui était loin de donner satisfaction en termes de performances. Il fallait en permanence jongler avec la cohabitation de deux OS radicalement différents (Mac OS classique et Mac OS X), dans un contexte où il n'y avait pratiquement pas encore d'applications pour Mac OS X !
A partir de la réintégration de Steve Jobs chez Apple, il a fallu 4 ans de tentatives parfois maladroites et d'essais pour aboutir à une version avouable de NeXTSTEP à la sauce Apple. La version 10.0 de Mac OS X, appelée Cheetah est sortie le 24 mars 2001, et elle était encore loin de donner satisfaction ! C'est de là que vient l'introduction de bienvenue en musique en plusieurs langues lors de la première mise en route du système.
Mais après une installation sans problèmes, les déceptions apparaissent :
• D'abord, Mac OS X cohabite avec Mac OS 9 (classique) ; c'était rendu nécessaire par l'absence d'applications "natives" sous Mac OS X, et les premiers utilisateurs ont souvent dû se contenter d'évaluer Mac OS X sans réellement pouvoir faire de travail efficace avec. Ainsi, c'est Interner Explorer (IE 5.1) qui faisait office de butineur et l'application Mail d'Apple commence son existence. Et John Siracusa avoue que même en travaillant sous Mac OS X, il a passé le plus clair de son temps à utiliser des applications Mac OS classique.
• Ensuite, Mac OS X 10.0 souffre de graves défauts de performance. La chose est particulièrement sensible avec le re-dimensionnement des fenêtres qui rompt avec la pratique de Mac OS 9 en affectant la totalité de la fenêtre (et pas seulement sa bordure), mais se révèle trop lent et imprévisible. Ces défauts de performance s'appliquent aussi aux applications : le Finder devient complètement inopérant lors des accès réseau, IE 5.1 met un temps interminable à se lancer, le lecteur de vidéo QuickTime demeure problématique sur certains matériels (G3), et le lecteur d'iTunes souffre de ralentissement et des sautes de fonctionnement. Mac OS X est aussi très gourmand en mémoire vive,
• D'autre part, le système est encore instable bien qu'il représente une amélioration par rapport à Mac OS 9 : des crash du noyau interviennent fréquemment et obligent à redémarrer ; et l' interface utilisateur se bloque sans raison apparente, laissant l'utilisateur incapable d'agir sur la machine.
• En introduisant le Finder en colonnes, Mac OS X rompt l'unité et la cohérence du Finder Spatial. Cela perturbe beaucoup les utilisateurs de Mac OS 9 (et Siracusa), habitués à visualiser leurs fichiers à l'aide d'icônes. Je dois dire qu'avec le temps (et l'enflure des disques durs), la navigation dans le système de fichiers à l'aide de la fonction "navigateur" du Finder me semble beaucoup plus pertinente et efficace que le Finder Spatial. Mais elle oblige l'utilisateur à penser en termes de système de fichiers plutôt qu'en ressources séparées, représentées par des icônes.
Dans l'aspect de ses fenêtres, Mac OS X se démarque nettement de Mac OS 9 : alors qu'elles étaient entièrement gérées par QuickDraw sous Mac OS 9, c'est une couche d'affichage très différente et beaucoup plus puissante (Quartz) qui prend le relai sous Mac OS X. Elle peut gérer la transparence, et permet la superposition des fenêtres. Elle utilise le standard PDF comme mode d'écriture sur l'écran, et permet d'en disposer simplement comme format de fichier.
Les fenêtres de Mac OS X 10.0 s'affichent sur un fond ligné, bien différent des fenêtres actuelles (voyez le Finder) avec leur bordure grise et leur fond blanc. Avec le temps, les choses vont évoluer au cours des différentes versions de Mac OS X, en passant par un aspect de métal brossé, puis au stade actuel.
Mac OS X 10.0 apparaît donc comme un système plein de promesses, mais encore très inachevé, avec de graves défauts de jeunesse. Au point que John Siracusa se garde de le conseiller à ceux qui n'en ont pas vraiment besoin, et leur conseille d'attendre la prochaine version !